Facebook A.L Legrand - Arcaëlle et autres [Page Facebook Auteur]

[...]Après des jours en mer, Meÿ’Lindha pria avec ardeur la déesse des mers et océans, May’Veal d’abréger son calvaire. Non seulement parce que cela faisait des jours et des jours qu’elle était malade, mais en plus, l’ennui se faisait pesant à force de rester cloîtrée. Son supplice allait bientôt prendre fin. Lors d’un bel après-midi la vigie cria :

« Cités Blanches en vue, Cap’taine ! »

La capitaine Yukan prévint le prince qui était resté caché dans la cabine du second de leur arrivée dans les eaux des Cités Blanches. Elle lui suggéra de prendre une barque discrètement pour quitter le navire et gagner la côte, une fois la nuit tombée. Il allait sans dire qu’une fois à quais, il serait difficile pour le prince de passer entre les mailles du filet. Le jeune mzékils trouvait cela déplaisant mais il ne voulait pas qu’on soit averti de sa présence dans le domaine des résistants. Ainsi Zaäkh accorda au capitaine que son idée était la plus judicieuse au vu de la situation. Des marins de confiance l’aideraient à descendre la petite embarcation pendant que Yukan irait s’assurer que Meÿ’Lindha et Ayelline demeurent dans leur cabine. Il ne resterait plus au fils du Dieu-Empereur qu’à ramer jusqu’au rivage et ce avec force car le temps était contre lui. Le vent soufflait fort, ridant les flots de vagues menaçantes et une tempête semblait en approche, en était la preuve les nuages noirs à l’horizon qui approchaient.

Comme prévu, une chaloupe fut mise à la mer en toute discrétion avec le prince à son bord. Les marins, fidèles à leur potentiel futur dirigeant ne posèrent pas de question. Une fois à l’eau, Zaäkh rama vers la plage la plus proche entourée de rochers. Les remous de l’océan étaient puissants et, à plusieurs reprises, il manqua de chavirer. Il remercia les Dieu de lui avoir donner la maîtrise du fluide dën1. Il finit par accoster, à bout de force, sur la plage de galets qui, à son grand soulagement, était déserte. En soupire de soulagement passa les lèvres de Zaäkh lorsqu’il posa le pied sur le sol, avec un air de satisfaction. Avoir passé tout ce temps dans la cabine du second l’avait rendu quelque peu aigriet avide d’air frais. Il songea à présent qu’il faudrait se rendre à Hytraz, prochaine destination supposée de l’Enac.

Suite à un rêve cauchemardesque dû à la tempête de la nuit, Meÿ'Lindha commença à douter. Et si quelqu’un venait à la trahir ? Dans son songe elle avait vu Ayelline s’unir à Morloc, dont elle connaissait le visage grâce aux portraits dans l’arène, afin de l’éliminer en l’offrant à Özan. Elle avait la sensation de sentir les flammes sur sa peau. Ainsi, prise d’un doute et d’une soudaine crise de paranoïa, l’Enac se mit à songer qu’il ne serait peut-être pas judicieux de débarquer directement au port d’Hytraz. Peut-être même devait-elle se séparer des deux autres. De plus, elle songea que peut-être que des espions du Dieu-Empereur l’attendaient, cachés dans la capitale des Cités Blanches. Meÿ'Lindha regarda Hùlickz et Ayelline dormir, que devait-elle faire ? Secouant la tête, elle se jugea stupide de douter de ses camarades et les réveilla. Elle demanda précipitamment à ses compagnons de rassembler leurs affaires en vitesse. Les deux arcaëlliens se regardèrent encore endormis, intrigués et même inquiets. Elle leur ordonna de ne pas poser de question et de la suivre avec discrétion.

Au moment où ils quittèrent leur cabine, ils entendirent des bruits de pas précipités, accompagnés de la voix de Yukan qui semblait anxieuse. Ils se jetèrent tous les trois derrière un amoncellement de caisses et de tonneaux. La mzékils passa juste à côté d’eux sans les voir et le trio se glissa subrepticement jusqu’au pont laissant le capitaine du navire frapper à la porte de leur ancienne cabine. Meÿ’Lindha eut un haut-le-cœur, provoqué à la fois par son mal de mer et l’angoisse d’être trahie. La tahora se morigena, elle ne devait pas prendre au sérieux un rêve aussi stupide, Ayelline était son amie. Jamais elle ne tromperait Meÿ'Lindha. S’en persuadant, elle essaya de trouver une solution, le jour se levait et elle estimait qu’ils ne devaient pas être aperçu. Hùlickz eut pour la première fois de sa vie une idée brillante. Il demanda aux deux arcaëlliennes de ne pas bouger et alla à la rencontre des trois marins qui se trouvaient près de la chaloupe, à bâbord.

« Qu’est-ce que t’as le benêt ? » S’agaça l’un des marins qui avait vu Hùlikcz sourire béatement.
« Heu… Rien ! Heu non ! Je voulais dire, votre capitaine vous cherche je crois !
- Hein ? Mais qu’est-ce qu’il raconte celui-là ? »

C’est à ce moment-là que l’on entendit le capitaine Yukan se mettre à crier :

« Mais bon sang ! Où sont passés ces trois maudits rats ? »

Les trois marins se regardèrent entre eux avant de courir en panique vers les escaliers qui menaient jusqu’aux cabines. Hùlickz se tourna alors vers ses deux complices et leva les deux pouces avec un sourire victorieux. Meÿ’Lindha soupira en secouant la tête et invita Ayelline à la suivre. Elle devait bien admettre que l’elfin avait bel et bien eu une bonne intuition et que son plan avait parfaitement marché. Les trois compères montèrent dans la chaloupe en la faisant descendre le plus discrètement possible. Par chance, le vacarme du vent et de la pluie dissimulait les grincements de la poulie.

C’est donc dans la nuit noire et la tempête, cachés des yeux et des oreilles de tous, que la fine équipe s’éloigna du navire. Hùlickz et Ayelline ramèrent pendant que Meÿ’Lindha orientait leur petite embarcation vers une étroite crique dissimulée par des rochers. Les remous violents des vagues bousculèrent violemment la chaloupe ce qui fit vomir la tahora à deux reprises. Elle dut cependant prendre sur elle car la mer n’était pas clémente et, à maintes reprises, ils faillirent se retrouver submergés. Hùlickz, notamment, manqua de passer par-dessus bord trois fois .

Meÿ’Lindha fut soulagée de poser le pied à terre et de quitter les planches du rafiot. Levant les bras vers les cieux, elle remercia les Dieux de s’en être sortie vivante et promit d’être plus gentille avec eux. Dans son œil on lisait sans peine sa joie. L’arcaëllienne souriait pour une fois, bien trop heureuse de quitter la mer. Retirant son cache-œil, l’Enac admira la douce lumière du phare d’Hytraz qui brillait au loin malgré les intempéries. Elle avait réussi à passer, elle était aux Cités Blanches; le havre de la Résistance lui ouvrait les bras. Elle sentit un poids pesant sur ses épaules s’envoler soudainement. La crainte d’espions de l’Empire lui sembla bien légère face à la sécurité toute relative que lui procurerait la Cité des résistants. Au moins, ici, il n’y aurait pas de soldats impériaux, pas d’Empire Divin, pas d’esclaves désabusés et opprimés et surtout : pas de combat d’arène. Les arcaëlliens étaient tous égaux dans l’adversité sur ce continent. Ayelline et Hùlickz regardaient la jeune tahora tomber dans le sable blanc qui était froid et se rouler dedans comme une enfant de cinq ans.
[...]

Zaäkh arriva enfin dans la grande salle qui, jadis, était le lieu où les Taho'Han donnaient les bals. Il aurait tant aimé qu’elle soit toujours pleine d’arcaëlliens joyeux et vivants. Au lieu de cela, la grande pièce était plutôt sombre, peu accueillante et le seul son qui résonnait était celui de ses pas rapides. Zaäkh trouvait cela d’une tristesse et, au fond, il espérait pouvoir redonner, un jour, des festivités en ce lieu. La décoration était succincte : des statues de ses ancêtres placées sobrement à intervalles réguliers et, au fond, un trône imposant finement décoré dominait. Le dossier, en bois noir, était orné d’un dragon ayant la gueule ouverte, les accoudoirs, couverts d’un velours aussi noir que le bois, se terminaient par des orbes. Sur l’assise un gros coussin, en soie rouge sang, servait à adoucir la dureté du bois. Le jeune prince n’aimait pas ce siège qu’il trouvait bien trop effrayant et repoussant. Ce trône ne donnait pas confiance, il déclenchait même une légère anxiété chez Zaäkh.

Installé sur son siège, Morloc toisait son fils unique d’un regard froid et critique dont Zaäkh avait l’habitude ce qui ne l’empêchait pas d’être mal à l’aise. Le Dieu-Empereur avait bien des bâtards mais aucun n’était celui qui prendrait sa place. C’était lui, ce garçon qui lui ressemblait tant, qui prendrait le pouvoir. Zaäkh était l’unique enfant légitime pouvant prétendre au trône de l’Empire Divin mais le prince semblait aussi faible que son ancêtre Arhnt, cet idiot sentimental. De plus il avait visiblement hérité de la douceur de caractère de cette chienne qui fut jadis sa mère et qui, désormais, était juste une paria à trouver et tuer. Le maître d’Arcaëlle, en son for intérieur, maudissait sans remord les Dieux de lui avoir donné pour femme cette traînée d’Abÿel et pour fils ce faible sentimental et médiocre. Il ferait le nécessaire pour ne jamais rendre son trône. Morloc porta à ses lèvres un morceau de champignon bleu séché et le mâcha longuement. Il était le seul à être digne de la couronne. Il le lui avait dit. Il ne pouvait lui mentir.

Le prince s’inclina humblement devant son père, posant le genou sur le marbre froid et gris. Il ne portait pas cet être abject et dur dans son cœur, il le trouvait tellement désobligeant et malsain. De plus le regard flamboyant de son père transpirait la folie des grandeurs. Rien en lui ne lui inspirait le respect ; s'il avait toujours obéi à son père c'était uniquement par crainte. Morloc marmonnait des choses le regard lointain. Son héritier en avait l’habitude, il était certain que ce mzékils n’avait pas toute sa tête. Le prince frissonna, allait-il être aussi terrible que son géniteur ? La tête basse, les lèvres pincées, il souhaita que son destin soit différent de celui de ce malade aimant torturer celles et ceux lui déplaisant. Zaäkh ne prit pas la parole, on ne le lui avait pas ordonné.

« Jeune prince », Entonna Morloc de sa voix grave et dure, imposant par son ton solennel sa puissance légitime, « Notre histoire est la plus vaillante et la plus noble mais, par malheur et à cause de sa compassion, notre stupide aïeul a laissé vivre la dernière idiote d’impératrice Taho'Han. La rumeur veut qu’elle attendît un enfant. » Il secoua la main de façon agacée, comme si le fait qu’Arhnt ait laissé vivre Keira était bien plus stupide que de se mesurer aux Dieux. « Il était stupide ! Stupide ! SSSTUPIDE !!!» Vociféra-t-il en postillonnant. Il se passa une main sur le visage comme pour chasser quelque chose de son esprit. « Il est inscrit dans les Archives impériales que cet idiot aimait la tahora et que, par la faute de ses sentiments de faible, il ne put lui trancher la tête. L’imbécile ! » Grogna le Dieu-Empereur avec rage. « Viendrait une héritière issue de cet immonde enfant, soit-disant élue par les Dieux eux-mêmes, elle serait en capacité de nous éradiquer et de me voler MON trône. Cela m’est intolérable ! »

Aboya Morloc en reprenant un morceau de sa drogue. Elle l’aidait à voir au-delà des frontières mortelles. Ce champignon bleu lui donnait du pouvoir, la force d’être le meilleur. Le seul et unique maître de ce monde. Tout cela était à lui. Les gens. Les bêtes. Les forêts. Tout ce qui faisait Arcaëlle était à lui. Juste lui. Il tourna la tête et fit un sourire étrange alors qu’il n’y avait personne. Lui, il voyait, il le voyait bien. Grâce à lui, il dominerait l’univers et deviendrait un Dieu. Un Dieu supérieur à ces lâches célestes. Son regard fou revint vers ce fils. Il devait se débarrasser de ce faible. S’en débarrasser sans que personne ne s’en aperçoive. Avant que Zaäkh ne l’élimine. Il savait que son fils en voulait à sa Divine vie. Il était le seul, l’unique. Il était puissant et pas cette insignifiante créature. Morloc soupira en reprenant un morceau et continua.

« Il y a quelques semaines, une patrouille a été supprimée par une tahora. » Il marmonna quelque chose, comme s’il répondait à un être invisible, le visage tourné vers la droite. « Nous ne savons rien d’elle, juste que cette épine dans mon pied est en liberté et, très certainement, la fameuse descendante de Keira. » Il soupira et se gratta le menton, « Trouve-la, tue-la et apporte-moi sa tête ! Ton départ est immédiat ! »

Zaäkh inclina la tête, se leva et quitta la salle du trône sordide où la lumière n’entrait que par des vitraux à la gloire des Mzék'Han. Il ne contesta même pas les ordres de Morloc, on ne contredisait jamais les paroles du Dieu-Empereur, sauf si l'on ne tenait pas à la vie. Ainsi, il était envoyé en mission. Son père craignait-il pour sa place ? Sûrement. Après tout, on racontait qu’il avait tué son propre père ainsi que les autres enfants de l’ancien Dieu-Empereur.

[...]La jeune tahora marchait en observant les lieux, jugeant qu’il s’agissait des beaux quartiers. Ses yeux ne voyaient que des habitations et commerces aux devantures finement ouvragées. Les façades étaient, pour certaines, couverte de dessins ou gravures dans le bois de la porte. Elle avait l’impression que chaque entrée l’invitait à pénétrer dans le commerce, de venir flâner. Elle n’avait jamais fait ça, flâner. Pas même en forêt. Son père lui avait mainte fois asséné :

« Flâner c’est pour les idiotes ! Pour les arcaëlliennes sans cervelle qui ne font que paraître. Des objets de convoitise pour des nobles en tout genre. Es-tu une imbécile ou une jeune demoiselle pleine de talents autres que l’apparence ? »

Meÿ'Lindha haïssait cette réflexion qui lui donnait l’impression de ne pas avoir le droit d’être une simple arcaëllienne profitant de sa jeunesse pour s’amuser et contempler ce qui était beau. La tahora soupira, serrant les poings, tout cela était du passé. Elle avait changé, grandi.

Meÿ'Lindha se concentra à nouveau sur l’élégance d’Hytraz. Les larges avenues étaient dallées de pavés blancs et gris très clair. Les rues étaient d’une propreté étonnante, pas la moindre déjection, pas la moindre immondice. La jeune arcaëllienne se souvenait de Kei’Han, ce village par lequel elle était passée et dont la puanteur était ancrée dans son esprit. Meÿ'Lindha secoua la tête, il fallait se concentrer sur le présent. Elle appréciait la beauté de ces artères propres et vivantes. De nombreuses personnes arpentaient les lieux. Certains travaillaient tels les marchands ou les messagers que l’on voyait courir ou voler vers leur destination. D’autres discutaient, riaient. Meÿ'Lindha observa de jeunes enfants ailés voleter autour des lampadaires, gloussant. D’ailleurs, ces éclairages en fer forgé, éteint pour l’heure, étaient finement ouvragés : le pied donnait l’impression d’être le tronc d’un jeune arbre dont les feuilles grandissaient lentement. A son sommet, là où la flamme brillait la nuit, il y avait un dragon parfois un éluas mais aussi de petits ïzans. L’Enac trouvait cela tellement beau, tellement agréable. Alors que le groupe avançait, Meÿ'Lindha s’extasia en apercevant un grand bâtiment. Au loin, se dessinant il y avait ce qui semblait être le toit d’un temple. Il avait l’air fait de tuiles rosées. La tahora donna un coup de coude à Ayelline, pointant le temple du doigt. Meÿ'Lindha se jura d’aller le visiter afin de remercier les Dieux de leur clémence. [...]

"[...]Le petit groupe arriva devant une demeure plutôt coquette à la façade de marbre aux teintes d’ivoire. Meÿ’Lindha y compta huit petites fenêtres et une belle porte en bois où était gravé un numéro et quelques dessins représentant des feuilles de chêne avec des glands. Il fallait monter trois marches en pierres afin d’entrer dans la maison.
La tahora qui les accueillait chez elle ouvrit la porte avec sérénité et invita les trois voyageurs à entrer à sa suite. Un xen à la peau sombre et aux belles grandes ailes orangées, qui les attendait dans le lumineux couloir au sol zébré de marron, s’inclina au passage d’Abÿel. Le serviteur s’enquit auprès des visiteurs pour les débarrasser de leurs encombrants paquetages et leur demanda même s’ils voulaient bien se défaire de leurs armes. Meÿ’Lindha, bien évidemment, refusa catégoriquement de se séparer de sa précieuse épée. Le xen regarda Abÿel, l’interrogeant du regard. La tahora leva la main et dit d’une voix douce :

« Si cela te rassure, ma jeune amie, je te laisse conserver ce bien. »

Meÿ'Lindha hocha la tête en remerciement gratifiant la tahora rousse d’un sourire discret. Le xen soupira devant le laxisme de Dame Abÿel mais il ne fit aucun commentaire. Il s’inclina et emmena les affaires qu’on lui avait confié, accompagné par deux autres valets.

Les invités et leur hôtesse pénétrèrent tous les quatre dans un luxueux salon où les attendaient de confortables fauteuils, ainsi qu’une jeune tahora debout, le regard sombre. Elle avait une chevelure de jais et des yeux tout aussi noirs qui lui donnaient un air quelque peu austère selon Ayelline. D’une voix grincheuse elle demanda à Abÿel, qu’elle appela mère, où elle était passée toute la matinée. La tahora soupira et caressa la chevelure soyeuse de son enfant en lui disant qu’elle était allée voir Kaï’Jad et qu’elle avait croisé une personne des plus importantes. Elle présenta alors Meÿ’Lindha et ses amis à sa jeune fille qui se sentit obligée, par politesse, d’en faire autant. Elle s’introduisit sous le nom de Keira. Ayelline fit un “Oh !” d’exclamation : elle avait enfin trouvé l’autre Keira dont le spectre de l’Impératrice lui avait parlé. La fille d’Abÿel avait de sublimes ailes blanches qui touchaient le sol. Meÿ’Lindha qui n’en avait jamais vu de telles, se demandait si cela était normal. Hùlickz quant à lui en était un peu jaloux ; avec ses ridicules petites ailes, il faisait un peu tâche à côté selon lui. L’Élue des Dieux détailla l’adolescente qui semblait bien jeune et autoritaire. Meÿ'Lindha ne s’imaginait même la réaction qu’aurait eut son père si sa fille ainée avait osé lui parler ainsi. Keira, entortillant ses cheveux sur le bout de son index, fronça les sourcils un peu plus. Secouant la tête en sentant le regard de sa mère, elle fit une courbette en affichant un sourire forcé. La jeune tahora tourna la tête vers sa mère comme pour lui demander si elle était satisfaite. Puis, croisant ses bras sur sa poitrine, l’adolescente se laissa lourdement tomber dans un des fauteuils en grommelant.

Meÿ’Lindha, qui observait l’arcaëllienne boudeuse, lui trouva un air familier avec une personne de sa connaissance sans savoir dire laquelle. Penchant la tête alors qu’elle réfléchissait, Meÿ'Lindha se reprit et lança un :

« Salut » D’une voix lasse et traînante.
« Bonjour, Keira ! Ne fais pas attention à sa mauvaise humeur ! Elle est souvent comme ça. » Soupira Ayelline

Le tutoiement était de rigueur à Taho’Manok, c’était un vestige de l’empire Taho’Han. Meÿ’Lindha, toujours méfiante, n’aimait guère se trouver ici, en vérité elle n’appréciait pas être en des lieux inexplorés sans connaître les issues possibles. [...]"

[...]Morloc festoyait, dévorant des cygnes et de porcelets rôtis. Grâce au breuvage que lui avait concocté un des Haut-Prêtre de Thaä, il avait pu voir la bataille. Le Dieu-Empereur avait entendu la Divinité lui dire que l’Enac était morte. Il lui avait montrer la tahora aux yeux vairons qui, comme cette fourbe de Keira, avait une chevelure blonde. Le visage de cette arcaëllienne était déformé et couvert de sang. Eto’Ake avait dû la punir comme il le devait. Morloc se félicita d’avoir envoyé ce général dont les prouesses n’étaient plus à prouver. Il arracha un bout de chair d’une aile charnue. Il était enfin le seul Élu Divin. Le seul maître d’Arcaëlle ! Il lui avait promis. Il avait tenu parole.

Morloc se mit à rire comme un dément. Il lui parlait encore, le félicitant pour son intelligence et sa façon de régner comme un bon Dieu-Empereur. Il était son favoris. Il lui parlait sans cesse, le conseiller, lui murmurant des prophéties. Sa voix était si douce, si rassurante. Il avait été là quand il avait éliminé un a un les membres de sa fratrie. Il l’avait guidé pour empoisonner son père. Il avait exilé sa mère sur les conseil de cette Divine voix. Tout était parfait. Il allait empailler la tête de la tahora et utiliser ses ailes comme décoration pour sa chambre.

Le mzékils, après avoir englouti les trois quart de son repas gargantuesque, se délassa dans un bain. De jeunes tahoras, maigres et fatiguées, lui frottaient le corps. Elles ne devaient pas faire le moindre mal à leur maître. Si l’une d’elle venait à frotter trop fort, elles seraient toutes punies. Morloc aimait son sentiment de puissance, d’invulnérabilité. Il lui avait promis qu’il accéderait au panthéon s’il était digne de servir cet être Divin. [...]

Le soleil brille, les oiseaux piaillent.
Le monde se refait une santé.
L’homme doit rester confiné
Les politiques, depuis longtemps, déraillent

Pourtant le silence assourdit nos rue
Plus un mot ne résonne, plus le son d’un cri
Mais que va-t-il advenir de l’économie ?
Hurlent les actionnaires mis à nu

Les travailleurs du quotidien
A force de s’exposer sont exténués
Ce vil mal dans nos vis s’est insinué
Pour sortir rien n’est vain

Et pourtant la Terre tourne
La vie semble reprendre ses droit
Sans se soucier de nos lois
La nature se réveille sous le soleil et la lune

Alors, toi, l’humain qui se sent si essentiel
Apprends l’humilité face à ce monde
Toi qui lentement surabonde
Tu n’est pas éternel

Prends le temps de vivre
Regarde la beauté de la simplicité
Et naïvement tu redécouvre les vérités
A nouveau de la candeur tu t’enivre

Enfin, tu es vivant
Enfin, tu es humain
Enfin, tu n’as plus de freins
Enfin, tu es de Gaïa l’enfant

Thaä (Divinité)
Divinité primale ayant créer la vie

Sous ses deux formes, Thaä a les yeux vairon, à droite il est bleu et à gauche rouge. Sa taille est d’1m98 pour une corpulence mince.

Sous sa forme féminine, la Divinité à les cheveux blancs et longs.
Sous sa forme masculine, Thaä à les cheveux noirs et courts.

Maintenant, l'héroïne : Meÿ'Lindha

De taille moyenne (environ 1m65), elle a de longs cheveux noirs lui arrivant au milieu du dos souvent attachés en une natte. Elle a l’œil droit bleu et l’œil gauche vert. Son regard semble pénétrant. Elle sourit rarement voir jamais. Son visage, un peu pointu et aussi très pâle, comme celui de Yazë (Mère de Meÿ’Lhinda). Elle avait un nez, petit et rond et ses lèvres paraissaient tristes et affables malgré leur belle couleur rouge. Elle n’a presque pas de seins. Elle a de grandes ailes blanches qui tombent jusqu'à ses chevilles.

Elle est souvent raide comme un piquet et a une expression neutre. Elle a des petites boucle d'oreilles ronde bleues et rouges (ce qui représente Thaä) . Elle a une cicatrice au centre de la lèvre (une partie au-dessus et l'autre en dessous).

Elle porte une tenue en cuir marron sans manche et un pantalon où l’on peut glisser trois dagues. En dessous elle porte une chemise blanche et bleue. Étant gauchère son épée est sur son flanc droit. Elle porte à la main droite un bracelet avec trois lunes.

Le Vil Dieu-Empereur : Morloc

De grande taille (1m95) il a de long cheveux noirs, des yeux rouge sangS on l’on lit sa folie, son visage est dur et sa bouche est tordue. Ses cheveux sont attachés en une queue-de-cheval haute. Il porte fièrement sa couronne ornée d’un dragon sur le milieu avant. In flexible, il est dur et autoritaire. Il porte une tenue en soie noire et a deux grandes ailes noires. Son épée est sur son flanc gauche car il est droitier. Il porte quatre bagues à la main droite serties de rubis, diamant et autres pierres précieuses. Il est souvent entouré d’esclaves tahoras filles. Ces dernières ne portent qu’une tunique blanche et un collier en fer-blanc.

Il mange en permanence des champignons hallucinogènes de couleur bleue. Cela exacerbe sa folie et le persuade que Thaä lui parle mais, en réalité, il s’agit d’Özan, ou pas ? Cette drogue lui donne un sentiment de toute puissance qui le rend très violent, narcissique. Il est de nature un grand manipulateur.

Il est souvent très droit sur son siège : un trône imposant finement décoré : le dossier, en bois noir, était orné d’un dragon ayant la gueule ouverte, les accoudoirs, couverts d’un velours aussi noir que le bois, se terminaient par des orbes. Sur l’assise un gros coussin, en soie rouge sang, servait à adoucir la dureté du bois.


La gladiatrice et amie : Ayelline 🧝‍

Plutôt grande (1m78), sa chevelure blonde est assez longue et laissée en liberté. Ses yeux verts semblent rieurs en permanence. Sa bouche rieuse est ornée de lèvres fines. Elle a une poitrine normale pour une femme de son gabarit. Comme tout elfe, ses oreilles sont petites et pointues

Elle aime la vie et sourit quasiment tout le temps (même quand elle se bat). Elle a une fine cicatrice au niveau de la bouche, à droite et une autre barrant son œil gauche.

Elle porte au poignet gauche un bracelet bleu qui, lorsqu’elle rencontre Meÿ’Lhinda, vire au rouge. Elle porte un pantalon noir et une chemise (manche trois quarts) grise. Elle utilise un arc et une épée sur son flanc gauche.


Le prince, Zaäkh

De grande taille (1m79) il a les cheveux mi- longs et noirs. Ses yeux rouge sang semblent toujours en alerte et un peu rieur. Il a de grandes ailes noires tombant jusqu’à mi-mollet. Son nez est long et fin et sa bouche, moqueuse, est fine et entourée d’une barbichette.

Son corps svelte est tout de même musclé. Il a une cicatrice au-dessus de l'arcade sourcilière gauche. Son oreille droite est percée et on y trouve une boucle d'oreille en forme de tête de dragon.

Son épée est sur sa gauche et il a deux dagues attachées à chacune de ses cuisses. Il porte une tenue de cuir noire et une cape de la même couleur brodée d’or sur les bordures. Il a le symbole des princes Mzék’Han cousu sur sa cape : un dragon dans un anneau de feu dont les flammes étaient bleues.


Le serviteur et ami, Hùlikcz

De taille respectable (1m72) il a les cheveux gris et les yeux de la même couleur. Ses ailes, toutes aussi grises, sont petites lui arrive à mi-dos et ne lui permettent pas de voler. Son nez est bossu et ses lèvres, souriantes, sont ni trop fines ni trop épaisses.

Il est maigrichon mais garde toujours la tête haute. Il a l’oreille droite percée et y arbore trois boucle d’oreilles : une en forme d’aile de couleur argenté, une en forme de demi lune de couleur dorée et une ronde avec un petit diamant.

Il porte une tunique bleu nuit. Son épée est à droite car il est gaucher. Il possède une arbalète et un carquois rempli de flèches. Le carquois est en cuir marron.

kcé reine bosse dale yake o ou a é ke u ka

Lou kel a ère biène take ane é

[...] L’Enac n’était pas faible, elle était celle choisie, celle dont l’enfance avait été sacrifiée pour le bien commun. A quoi bon se lamenter ? Sa mère et son père étaient morts, ses frères et sa sœur étaient sûrement loin. Alors, autant faire ce pour quoi elle était née. Elle ne voulait pas être un fanion, une arme des Dieux qu’elle trouvait bien égoïste d’avoir choisi une enfant au lieux d’agir par eux-mêmes. N’étaient-ils pas tout puissant, ces êtres supérieurs ? Pourquoi poser ce fardeau sur de frêles épaules mortelles ?

« En quoi le monde serait meilleur si c’était une descendante des Taho'Han qui montait, à nouveau, sur le trône d’Arcaëlle… »

Songea-t-elle, pleine d’amertume le regard tourné vers le ciel. Les sujets de l’Empire ne pouvaient-ils pas vivre leur vie sans être sous la responsabilité d’un chef qui chapeauterait toutes les actions en Arcaëlle ? Et puis, un jour les Dieux changeraient encore d’avis et choisiraient alors quoi ? Un früll aux épines orangées, à la peau mauve et aux yeux jaunâtres. Il serait alors l’Élu divin.

« C’est ridicule ! »

Pensa Meÿ'Lindha en grimaçant et pas seulement à cause de cette idée saugrenue. Une question jaillit dans son esprit : et si Morloc n’avait en réalité rien de mauvais ? Si ce mzékils ne faisait que protéger ses intérêts ? Comme Thaä avec son Enac ? C’est vrai ça ! Et si les vilains étaient les Dieux ? Pourquoi les arcaëlliens seraient-ils mauvais et pas les créateurs du monde ? Après tout, Thaä était enfant d’Özan, Dieu du chaos. Alors, qui pouvait prouver que cet être n’était pas corrompu ? Meÿ'Lindha ruminait les mêmes choses, alors à quoi bon ? Fermant les yeux, elle s’imagina se noyant. Tout prendrait alors fin.

Manquant d’air, Meÿ'Lindha perça la surface en prenant une grande inspiration, l’instinct de survie est une force primaire bien étrange, et, comme pour faire front, elle murmura d’une voix calme mais sombre :

« Je suis bel et bien seule désormais… » [...]

Jürt’Han avait toujours aimé enseigner les bases de la magie en initiant de petits jeux ludiques. Un jour, il toisa Meÿ'Lindha et, en souriant, il lui tendit un œuf plus gros que celui d’une poule mais plus petit que celui d’une oie. La tahora fixa un moment l’objet ,puis le tourna dans tous les sens. En dehors de sa couleur, bleue, elle ne lui trouvait rien de particulier.

« J’dois faire quoi ? » Lança-t-elle dubitative.
«Réfléchir. » Répondit simplement le xen en s’asseyant sur son banc.
« Réfléchir ? » Soupira l’arcaëllienne, pas plus avancée . « Et à quoi je te prie, papy ?
- Comme tu le sais, tout est composé de fluide.
- Ben oui, j’ai retenu à partir de la cent millième fois où tu l’as dit ! » Rétorqua avec agacement Meÿ'Lindha.
« Hm… Tu ne comprends pas ?
- Ben non ! » S’agaça-t-elle de plus belle.
« Contrôle le fluide dans cet œuf. » L’Enac passait du xen à l’œuf et de l’œuf au xen.

Elle secoua la tête et un sourcil s'éleva pour former un circonflexe au-dessus de son œil droit. Devenait-il sénile ? Jürt'Han se mit à rire et fit signe à son élève de s’asseoir au sol. Perplexe la tahora s’exécuta, tenant dans le creux de ses mains l’œuf fragile. Après un long silence, elle perdit patience et demanda à nouveau avec vivacité :

« J’dois faire quoi, papy ? »
«Contrôler le fluide dans l’œuf. » Répéta le xen.
« Suis pas une lorcq moi... » Bougonna-t-elle
- Les lorcq se nourrissent de la magie, mais ils ne la contrôlent pas. » Dit le vieillard en mettant un coup de canne sur le crâne de son apprentie. « Vois le fluide tisser ses liens, voyager d’un corps à un autre.Donner vie aux plantes, animaux et arcaëlliens. »

Meÿ'Lindha ferma les yeux, cherchant à ressentir ce dont parlait le vieux xen. Mais...

« Rien! J’ressens rien !
- Concentre toi, Meÿ ! » Dit l'arcaëllien en bourrant sa pipe.
« Hm... »

Fermant à nouveau les yeux, elle perçut un picotement dans le creux de son ventre. Elle resta concentrée, à la recherche d’autres liens. Pourrait-elle retrouver Ank, Vince et Tay’Ann grâce au fluide ? Cette idée l’encouragea à se concentrer davantage . Elle sentit alors quelque chose gigoter au creux de ses mains. Ouvrant les yeux, elle trouva une petite boule de plumes grises, aux pattes noires et au regard bleu.

« Un bébé chi’mau ? Qu’est-ce que ça veut dire, Papy ?
- Tu viens de faire le premier pas faire aän. Le fluide que l’on qualifie de soin mais qui est, en réalité, le fluide de vie. »

Meÿ'Lindha se sentait fatiguée voire vidée. Pourtant, elle était fière d’elle. Elle avait accès à une nouvelle capacité : la magie de la vie. Pourrait-elle ramener des morts ? Elle secoua la tête, non seul Gar’Haz en avait le pouvoir.Si elle voulait faire ça, elle donnerait une non-vie à un hytrez.